La Peur fait partie de l’ADN de la Terre et des Hommes qui en portent les stigmates. 

Son chant, tel le chant des Sirènes, est puissant ; il attise, attire et fait trembler. Le marin qui lui prête oreille, dans bien des cas, perd son discernement. Envoûté, il est aspiré vers un but unique, celui qui le détourne de sa route pour le conduire à la mort de l’impulsion primordiale ; celle-là même qui lui a fait prendre la mer dans la Joie de sa quête. Peu de marins savent fermer les écoutilles et suivre le cap originel.

Habituellement, lorsque l’on a peur,  on se fige ou on se débat et se disperse dans des actions vaines bien qu’apparemment jugées « utiles » par le mental. On tremble, on sent le vide tout proche avec son cortège de pensées qui invitent à vouloir que cela n’existe pas ou que rien ne change, à faire marche arrière ou à se protéger de quelque chose, à résister à ce qui est. On ne veut plus être bousculé dans ses habitudes, ses principes, sa vision du monde car tout paraît incertain, voire inconvenant…et finalement dangereux. On s’est identifié à sa peur comme objet extérieur à soi mais bien agissant sur soi. On « vit » donc à travers un carcan d’obligations quotidiennes qui évite de se retrouver en soi-même, face à ce vide béant de soi. On se restreint, se protège et rejette ce qui peut se présenter d’inattendu ou de différent. Car l’on cherche à l’extérieur de soi « à être en sécurité » comme une barricade contre la vie qui invite, elle, au mouvement plus ample d’une respiration profonde. 

Avoir Peur c’est donc « ne plus vivre » vraiment.

La Peur se nourrit des attachements à la forme lorsque l’on tient absolument que cette forme  (cette relation, ce travail, cette maison, notre corps…) ne change pas ou ne disparaisse pas…mais tout change et tout coexiste en même temps. Ce qui nous donne le sentiment que cela ne change pas , qu’il manquerait quelque chose ou quelqu’un est notre ignorance des principes du Vivant.  

La pluralité des formes est tellement vaste que le mental ne peut l’appréhender dans sa totalité. Le mental pense qu’il est « impossible » par essence mais l’Esprit souffle que « tout est possible même l’impossible » puisant dans l’infini, le non délimité et l’inimaginable réservoir de créations.

Alors qu’est-ce qui nous maintient « en sécurité » réellement sinon l’absolue évidence que nous n’avons rien à craindre, rien à savoir, juste à se rappeler que tout est là, en nous, chaque jour, à chaque seconde pour nous faire voir la beauté de la vie dans sa formidable intrication avec le Divin ?

Saurez-vous écouter cette divine symphonie et ne pas laisser le mental, vos pensées dispersées vous dire l’inverse ?

L’Esprit souffle en continu, notamment lorsqu’une idée, une sensation ou une émotion surgit avec force et clarté. Le marin qui entend cette évidence intérieure là accueille pleinement ce qui est, il ne s’attarde pas sur ce qu’en pense le mental ou sifflent les « qu’en dira-t-on ». Il avance et fait face avec une détermination sans faille aux obstacles qui s’érigent devant lui comme autant de leviers pour se rencontrer amoureusement. Il traverse alors le miroir de ses peurs. Il marche sur la voie royale qui allie le cœur et la matière. Il s’ouvre pleinement à lui-même et offre aux autres un accès plus aisé pour le faire à leur tour … une toile se tisse à une vitesse dépassant tout entendement pour manifester l’intention juste dans sa plus belle réalisation matérielle. 

Alors lorsque vous douterez de tout, sachez que la Vie dans son infinie bonté, nous présente, sans cesse, quelque soit ce qu’entonnent les Sirènes, les meilleures personnes et les meilleurs évènements ou circonstances pour faire matière avec soi, traverser ses peurs et incarner pleinement qui l’on est sans détours.

Osons la sainte folie de la Vie !