En 2007, le 1er congrès international de recherche sur les fascias est organisé mais ce n’est qu’en 2018 que ces tissus conjonctifs présents partout dans notre corps furent consacrés  « 80 ème organe » du corps humain *;  la spécificité de cet organe est qu’il n’est pas localisé dans une partie du corps mais disséminé partout et dans les moindres recoins de l’organisme, s’infiltrant même dans les autres organes. Ainsi, le fascia ne se contente pas par exemple de recouvrir les muscles mais il pénètre à l’intérieur jusqu’à la cellule musculaire. Il ne se limite pas non plus à envelopper les viscères mais s’infiltre en eux. Et on le retrouve également dans le système nerveux ou encore dans la composition des artères, des os, des ligaments et des tendons.
Certains chercheurs le considèrent comme un second squelette plus souple assurant l’unité, la continuité et l’interconnexion entre toutes les parties du corps. Il s’apparente à une immense toile filandreuse sur laquelle se posent des milliers de petites bulles d’eau et participe à toutes les fonctions vitales en contribuant au mouvement, à la respiration, à la circulation, à la digestion, à l’activité nerveuse et même aux émotions et à la conscience.

À cet égard, dans son ouvrage « la vie entre les mains » de 1989, Danis Bois, fondateur de la fasciathérapie, entrevoit les liens étroits entre les fascias et le système nerveux et le psychisme, expliquant que le système fascial contient la mémoire de tous nos chocs physiques et psychiques et considère que ses tensions, sa rigidité ou au contraire sa flexibilité et sa malléabilité reflètent l’état psychologique** : «  le fascia est véritablement le squelette psychique de l’individu, imprimant en lui tous les stress physiques ou émotionnels qu’il subit. Cela se traduit au niveau corporel par des crispations durables du fascia, créant des zones plus ou moins denses qui entravent sa mobilité ».

La pratique du Yin Yoga travaille sur les fascias et permet par des postures tenues plusieurs minutes, engageant des jeux de compressions et de tensions, dans le relâchement, « d’ouvrir le corps »  pour retrouver souplesse et mobilité. Cette pratique douce favorise également l’intéroception c’est à dire l’écoute attentive du corps, des sensations internes, des perceptions sensibles qui jouent un rôle essentiel dans la conscience de soi et dans la connaissance et l’équilibre de nos émotions et de nos pensées.

En somme, cette exploration méditative permet de ralentir, de lâcher prise et de relâcher les tensions accumulées ou des mémoires cristallisées (conscientes ou non) pour retrouver un bien-être physiologique et psychologique. 

En participant également à une meilleure circulation de notre énergie vitale à tous les niveaux de l’être : physique, émotionnel et mental, la pratique du Yin Yoga s’inscrit aussi à mon sens dans une spiritualité lorsque nous la relions au souffle et à la respiration et revenons à ses racines taoïstes, cette voie de recherche pour l’homme d’une harmonie avec la nature et l’univers.

 

« Le Tao est tel un puits sans cesse utilisé mais jamais tari.

Il est comme le vide éternel rempli d’infinies possibilités.

Il est caché mais toujours présent.

Je ne sais qui lui a donné naissance.

Il est plus ancien que les Dieux ». 

Verset 4 du Tao Te King – Lao Tseu

 

*article de PC Benias et al. dans la Revue Nature 2018  // ** livre de Christian Courraud aux éditions Leduc « Fascias le nouvel organe clé de votre santé ».